Extrait d’un très bel article de Slobodan Despot dans sa revue l’Antipresse à laquelle j’invite à s’abonner.
RAISONS DU NON, JURIDIQUES ET MÉDICALES
I. Je suis adulte et dûment vacciné comme mon carnet jaune de l’OMS en atteste. Toutes les vaccinations que j’ai prises ont été longuement testées au préalable et jamais, pour aucune, le médecin ou l’Etat ne m’avait fait signer une décharge de responsabilité. Si on m’avait jamais mis un tel papier sous le nez, je me serais passé de l’injection, quoi qu’il m’en coûtât.
II. Servir de cobaye non rémunéré à une expérience biologique dont nul ne sait les retombées à terme, ce pour pallier une maladie à moins de 1% de létalité, me semble d’une témérité incompréhensible. Quelque chose comme, en 1912, le saut de Franz Reichelt de la tour Eiffel avec son prototype de parachute. Il n’avait pourtant pas un gorille enragé aux trousses… Que n’a-t-il d’abord balancé un mannequin? se dirait tout esprit sensé.
III. Accorder une décharge de responsabilité à l’Etat qui patronne cette expérimentation et aux compagnies privées qui s’enrichissent démesurément en la fournissant ajoute l’idiotie à la témérité. Quiconque est piqué aujourd’hui s’est privé du droit de reprocher à qui que ce soit les éventuelles retombées. Si cet acte le protège, il s’en réjouira avec les autorités. S’il lui cause du mal, il en souffrira seul.
IV. Le même Etat qui refuse d’assumer la responsabilité de cette expérimentation montre du doigt les réfractaires en les accusant d’irresponsabilité sociale. L’irresponsabilité sociale incombe en premier lieu à celui qui impose à autrui une cause sans en assumer les effets.
V. Les relations sur les effets secondaires enflent, appuyées du reste par des statistiques non contestées, indiquant des couacs beaucoup plus fréquents qu’avec toutes les vaccinations précédentes. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, certes, mais quand il y a davantage d’oeufs sur la cuisinière que dans la poêle, il est permis de douter du cuistot. Ce sujet reste brumeux, j’en
ai longuement parlé avec des statisticiens et il est difficile — malgré les données publiquement disponibles de tirer une quelconque loi des cas
isolés. La fréquence des jeunes sportifs qui s’effondrent sur les terrains
m’incline tout de même à la réserve, comme elle a refroidi Novak Djoković et une bonne part des joueurs du circuit ATP.
VI. Si le sirop était efficace, on pourrait passer sur la gueule de bois. Or, d’Israël à Singapour en passant par la Mongolie, les zones rouges des sursauts d’infection se recoupent avec les zones «vertes» de la couverture vaccinale, qui va pourtant jusqu’à des 96-99%. Pour en arriver à cette conclusion candidement confessée par le patron de Moderna: cette vaccination sera
un abonnement renouvelable d’année en année ou de semestre en
semestre. Et l’ausweis social qui l’accompagne de même. Mais les raisinés ne s’étonnent même plus d’être aussi contagieux, et aussi vulnérables, que ceux qui ne le sont pas. Une fois qu’on leur a collé les semelles au plafond, les moutons se contentent de rentrer la cravate sous le gilet pour ne pas l’avoir dans les yeux et continuent de vaquer comme si de rien n’était.
VII. On pourrait croire, ô miracle!, que trois ou quatre shots amèneraient l’efficacité voulue. Or les réserves déjà commandées par les Etats — la
Suisse du moins — laissent peu de place à la Providence. Il suffit de diviser les précommandes par le nombre d’habitants pour connaître l’agenda.
RAISONS DU NON: PHILOSOPHIQUES ET MORALES
On pourrait ajouter à cette liste bien des points encore. Rappeler le scandale des études frelatées de Pfizer, invoquer la suspension subite de certains vaccins selon les pays, claironner le mensonge désormais établi du fameux Dr Fauci au
sujet des études en gain de fonction menées à Wuhan, se demander
comment certains ont pu déposer des brevets sur le virus… Tout cela
est sujet à polémiques et «théories du complot». Un point, toutefois, échappant à toute extrapolation «complotiste», est que les mêmes gouvernements qui invoquent une menace sanitaire absolue et contraignent les citoyens à une vaccination payée par leurs propres impôts ne veulent même pas entendre parler d’une levée des brevets sur ces produits censés garantir la survie de l’espèce.
VIII. Peut-on admettre un seul instant que la survie de l’humanité
puisse dépendre des intérêts commerciaux de quelques entreprises cotées
en bourse? A quoi nous servent nos «autorités politiques» si elles ne peuvent mettre fin à ce chantage vénal dont nos vies elles-mêmes seraient l’enjeu?
Et à quoi ressemble une société où tout se vend et tout s’achète, «l’honneur et même la sainteté», et où «Les États se muent en cachette/En anonymes sociétés» sinon à une caricature de la chanson du Diable de Jacques Brel?
Cette raison seule nous dispense des sept précédentes. Même s’il n’y
avait aucun autre problème lié à la vaccination covid, cet assujettissement féodal, indigne d’une société de gens libres, serait assez humiliant pour qu’on se passe des protections qu’il procure.
Qu’est donc cette marque sur votre épaule?, dirait aujourd’hui le loup sauvage de La Fontaine au chien enchaîné.
Que vaut une société où la santé et la vie de ses membres sont à la merci
des intérêts boursiers de quelques-uns?
Que valent des êtres pour qui la simple survie physique justifie une telle dépendance?
Et pourquoi cette humanité, qui a survécu à tant de maux bien pires sans autre aide que son immunité naturelle, devrait-elle soudain devenir dépendante d’une perfusion comme un scaphandrier au fond de la mer?
Allons-nous bientôt porter des masques à oxygène à l’air libre de la planète Terre?
Sommes-nous devenus fous?
Mais ce n’est pas tout.
IX. A ce stade déjà, toute âme encore vivante frémit de colère. Mais lorsqu’on voit ensuite par quelle vile verroterie les pouvoirs s’efforcent
d’appâter les réfractaires, la colère se transforme en dégoût. Pour qui
les autorités suisses tenaient-elles leurs concitoyens lorsqu’elles ont
imaginé de leur donner 50 balles pour «parrainer» de nouveaux raisinés? Ou lorsqu’elles leur offrent des billets de concerts auxquels ils ne se rendent même pas? Ou des virées en char Piranha ou avec la brigade des chiens, dans la république covidomilitariste de Genève? (Auprès de quoi l’initiative des coupons de réduction» de ce bordel viennois en manque de chalands apparaît presque… audiardienne.)
X. A ce racolage de misère — motivé par quelle cuisante
urgence ou quelle sinistre obligation? — répond une identique déshumanité dans la contrainte.
Qu’on puisse conditionner les études des étudiants par l’ausweis sanitaire
et organiser des descentes dans les amphithéâtres est une immonde goujaterie, mais moindre encore que celle de cet hôpital lucernois qui envisage tranquillement de séparer les mères sans pass de leurs bébés à peine nés.
Ici encore, les deux dernières raisons libèrent la précédente, qui déjà déclassait les sept autres. Ces comportements ne sont pas dignes, quelque «bonne raison» qu’on puisse invoquer pour les justifier.
Imagine-t-on Churchill distribuant des cigares ou des revues cochonnes aux Londoniens pour les faire descendre aux abris sous la pluie de bombes allemandes? D’abord, il n’en aurait pas eu besoin, car la menace ne se lisait
pas dans des fichiers Excel. Ensuite, il les aurait laissés se faire tuer ou
les aurait internés de force. Il n’aurait pas joué à la pute. C’est dégradant. Les êtres droits n’acceptent ni les cadeaux offerts de cette façon, ni les contraintes aussi hypocritement imposées. Encore une fois: même s’il n’y avait aucun problème et même si nous avions affaire à Ebola ou à la peste, le conditionnement comportemental est inacceptable. L’être humain commence là où il pose son «non». Lui soustraire la possibilité même du choix, le pousser dans la cage par microcontraintes, c’est offenser sa dignité même. C’est le traiter comme du bétail.
Il n’y a pas de «solidarité» qui puisse vous lier à une société transformée en
parc à chiens de Pavlov par ses autorités mêmes. Je ne vois plus chez ces
autorités devenues colporteurs pharmaceutiques que le rictus faux du
bonimenteur ou la morgue cynique du dresseur. C’est, d’un côté, une révélation libératrice. Pour la première fois de ma vie, je sens que je leur dois rien. Je ne leur rendrai que le strict nécessaire pour qu’elles ne mordent pas, comme on jette un os aux chiens errants. Voilà à quoi on en est arrivé auprès de millions de citoyens ordinaires et respectueux des lois.
Un sondage publié en Allemagne auprès du tiers non encore raisiné
de la population a donné un résultat qui fait réfléchir: sur ce tiers, 2%
seulement sont encore décidés à se laisser piquer, et 10% hésitent. Les autres ne le feront que sous une contrainte sociale (et non sanitaire!), ou résisteront jusqu’au bout. Quel est ce bout? L’obligation ou la prison. Un pays dont un habitant sur dix ou sur vingt est un détenu, cela n’a jamais existé. Même l’URSS au plus fort du Goulag n’avait que 2 à 3% de déportés.
Aurons-nous donc la guerre civile?
Sans doute n’en serait-on pas arrivé là si l’on avait proclamé la vaccination obligatoire d’emblée, comme au Tadjikistan. Comme pour la variole. Il y a une vilaine maladie, nous avons le remède, tout le monde doit jouer le jeu et la science en répond. Point! Mais en ce cas, les autorités auraient été responsables.
Elles n’auraient pu prétendre que chacun y allait de son libre choix. Or elles fuient leurs responsabilités comme la peste, se cachant derrière des groupes d’«experts» que personne n’a élus ou des formulaires de décharge. Leur lâcheté est sans bornes, elle nous libère d’une illusion supplémentaire: que nos «représentants» puissent nous protéger contre quoi ce que soit. Au contraire, nous leur servons de boucliers humains.
MAIS S’IL FALLAIT QUAND MÊME…
Tout cela étant dit, j’en viens à la raison qui pourrait me pousser, en dernière extrémité, à me faire raisiner. L’argument tient en un poème. Que dis-je: en un vers. Il est de la plus grande poétesse serbe, Desanka Maksimović. Dans le «Conte sanglant», un poème que tous les élèves de Serbie apprenaient après
la guerre, elle chante le martyre des lycéens de Kragujevac, exécutés comme otages par la Wehrmacht.
Les 20 et 21 octobre 1941, appliquant la loi des «cent Serbes ou Juifs exécutés pour un soldat allemand tué», le gouverneur militaire de la Serbie occupée, Franz Böhme, fit fusiller entre 2300 et 5000 civils de Kragujevac et des alentours, comprenant une soixantaine de lycéens et leurs professeurs. Ce crime monstrueux fut accompli avec une froideur clinique par des exécutants scrupuleux, selon un barême fixé d’avance. Ce n’était pas la SS, mais l’armée régulière allemande. Ce n’étaient pas des chiens de guerre, mais des «hommes ordinaires», comme les décrira l’historien Christopher Browning. «Il importe de mentionner le fait que les soldats de la Wehrmacht en
Serbie étaient généralement du troisième appel, donc des gens qui en temps de paix étaient des pères de famille, des ouvriers ou même des enseignants, comme le commandant Kœning qui était professeur de théologie, ou le capitaine Fiedler, qui était directeur de la Haute école de sciences techniques.»
Le massacre de Kragujevac rappelle à jamais combien mince est la membrane qui sépare le bon citoyen d’un Etat moderne de l’automate sans âme ni conscience. C’est pourquoi vous n’en avez jamais entendu parler.
Cela se passait sur une terre de paysans
Dans les rocailleux Balkans
D’une mort de martyrs mourut
Une compagnie d’étudiants
En une seule journée
C’est au douzième vers, toujours, que je sens le noyau d’avocat se coincer dans ma gorge:
Tous étaient nés La même année,
A l’identique leurs écoles s’écoulaient,
Ensemble aux mêmes fêtes On les avait emmenés,
Des mêmes maladies on les avait vaccinés,
Et tous sont morts la même journée.
La vaccination, au temps où les peuples existaient, était un sceau de la communauté. Elle protégeait les jeunes générations et aidait à combler les ravages de la maladie, mais aussi des guerres. Tous, nés en Yougoslavie, nous portons un petit cratère à l’épaule gauche. Cela ne se discute même pas.
Je me suis souvent demandé:
comment se sont sentis, à Kragujevac, ceux qui ont échappé au sort commun, qui sont arrivés en retard à l’école ou se sont cachés à la cave, quand toute leur génération avait disparu? La question n’ouvre que d’autres questions, comme: à quoi sert-il de survivre seul?
Ne tombons pas dans le pathos.
Je ne crains pas un programme de dépopulation, je ne crains que l’infinie force de gravité (au sens physique) du conformisme et de la bêtise, ces deux trous noirs de la galaxie humaine. Et je ne crains pas tant la mort que la servitude — du moins, je crois. Si, par hypothèse, tous autour de moi étaient enchaînés, mes enfants et mes proches, où pourrais-je me cacher? Si tous tombaient malades, comment me sentirais-je en pleine santé?
Voilà la seule raison qui pourrait me pousser un jour à montrer mon bras gauche: pour ne pas échapper au sort de ceux que j’aime, bon ou mauvais.
En mémoire des lycéens de Kragujevac.
Encore, je ne prendrais pas n’importe quoi! J’irais avec les miens me
faire baptiser au Sputnik V. Non par romantisme slave, mais par précaution. Ce vaccin est produit par un institut d’Etat, non par une multinationale assoiffée de profit. Ledit Etat est le seul en Europe à avoir inscrit la définition traditionnelle de la famille dans sa Constitution, et il investit énormément dans la natalité.
On n’est jamais à l’abri des illusions, mais je le verrais mal, cet Etat si préoccupé de la survie de son peuple, lui injecter des saloperies.
Mais s’il devait s’agir d’un poison, si l’appât du gain et le fanatisme technologique ont envahi même la médecine russe, quelle raison nous resterait-il de continuer à vivre et quel débarcadère en ce monde ne serait pas une planche pourrie? Je partagerais simplement le sort d’un grand peuple, étendu d’ici à l’Alaska, et dont les guides spirituels ont pris sur eux les conséquences du tatouage.
Car, comme je l’ai déjà écrit, la haute hiérarchie orthodoxe russe insiste sur la vaccination, à tort ou à raison. Elle sait qu’elle en assumera les conséquences, sinon dans ce monde du moins dans l’autre. Absurde consolation aux yeux des athées, ce point est capital pour les croyants. Autant que la décharge de
responsabilité pour les apparatchiks occidentaux.
Les jeunes martyrs de Kragujevac, leurs profs et leurs pères, avaient été doublement vaccinés: la première
fois à la seringue, la deuxième fois au plomb d’Hitler.
Cette vaccination-là était fiable à 100%: elle leur a ouvert la vie éternelle. A tout prendre, qu’est-ce qu’on risque dans la vie quand la mort n’existe pas?
POST SCRIPTUM. CONTE SANGLANT
Cela se passait sur une terre de paysans
Dans les rocailleux Balkans,
D’une mort de martyrs mourut
Une compagnie d’étudiants
En une seule journée.
Tous étaient nés
La même année,
A l’identique leurs écoles s’écoulaient,
Ensemble aux mêmes fêtes
On les avait emmenés,
Des mêmes maladies on les avait vaccinés,
Et tous sont morts la même journée.
Cela se passait sur une terre de paysans
Dans les rocailleux Balkans,
D’une mort de martyrs mourut
Une compagnie d’étudiants
En une seule journée.
Or cinquante et cinq minutes
Avant le mortel instant
Siégeait encore dans ses bancs
La petite compagnie.
Sur les mêmes problèmes l’on planchait:
Quel temps fera le voyageur
S’il se déplace à pied…
Et ainsi de suite.
Les mêmes chiffres
Leur occupaient les pensées
Et dans leurs cahiers, au fond des serviettes
Gisaient nombreuses, insensées
Les notes, nulles ou parfaites.
Des poignées de rêves identiques,
Et d’identiques secrets,
Amoureux ou patriotiques,
S’entassaient au fond des poches.
Et il semblait à chacun
Que longtemps
Que très longtemps,
Il courrait sous la voûte ronde
Jusqu’à ce qu’il ait terminé
Tous les devoirs de ce monde.
Cela se passait sur une terre de paysans
Dans les rocailleux Balkans
D’une mort héroïque mourut
Une compagnie d’étudiants
En une seule journée.
Des garçons par files entières
Se prirent par la main
Et de leur dernière heure de classe
Ils partirent vers l’exécution
Comme si la mort n’était rien.
Des copains par files entières
Au même instant s’élevèrent
Jusqu’à leur demeure éternelle.
R D. M., Krvava Bajka. Traduit du
serbe par Slobodan Despot.