Un article très interpelant de Louis Campana, militant non-violent français, promoteur de la philosophie de Gandhi notamment par l’écriture et la réalisation ou co-réalisation de films documentaires et d’événements sur la pensée gandhienne et la non-violence.
A genoux, pourquoi ?
Bonjour à toutes et tous,
Permettez-moi ces quelques réflexions suite aux courriels que je reçois chaque jour.
Le conte de la « Belle au bois dormant » est symptomatique des manipulations orchestrées par les pouvoirs pour faire taire au château toutes sortes de velléités de révolte, en attente de l’avènement du Prince, présenté comme le Sauveur du peuple.Un monde nouveau nous attend. La vie coulera à flot à nouveau entre les sujets modifiés par tout ce sommeil accumulé. Rêve-t-on ?
La propagande est à son comble !
Dans la tragédie grecque (je n’en suis pas un spécialiste, mais ai quelques notions), l’Hubris est accolée à cet être qui parvient au pouvoir, qui est ivre de lui-même (d’où le mot « ébriété » qui en résulte sans doute à partir du latin ?), plein d’arrogance, qui a le sentiment de toute puissance…
Derrière cette notion, une violence à fleur de peau et une insensibilité aux dégâts causés sur les populations, tant sociaux que psychiques, économiques que culturels.
En tant que non-violent, qu’en dire ?
Personnellement, le confinement, tout comme le couvre-feu qui l’a précédé me conviennent comme un gant. Peinard, tranquille, je suis certainement en plus asymptomatique et tout cela me passe par dessus la tête. Pire, je m’en réjouis ! Courir les négoces n’est pas ma tasse de thé, ni même rechercher le dernier truc nécessaire, je m’en passe !
Cependant que dirait Gandhi ?
« L’État représente la violence sous une forme intensifiée et organisée. L’individu a une âme, mais l’État, qui est une machine sans âme, ne peut être soustrait à la violence puisque c’est à elle qu’il doit son existence. »
« La véritable indépendance ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques-uns, mais du pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus de l’autorité. En d’autres termes, on devra arriver à l’indépendance en inculquant aux masses la conviction qu’elles ont la possibilité de contrôler l’exercice de l’autorité et de la tenir en respect. » Democracy : Real and Deceptive, Ahmedabad, Navajivan Publishing House, 1932
Bon ! C’était peu avant la marche du sel dans son ashram de Sabarmati à Ahmedabad qui servit de quartier général au Mahatma Gandhi durant la lutte pour l’indépendance. Il en résultera des peines de prison à « l’Hôtel de sa Majesté » comme il se plaisait à le dire.
Certainement Gandhi vivait une forme d’anarchie à la fois responsable et exigeante face à un empire britannique totalitaire du moins envers les Indiens.
Jean-Marie Muller ne dit pas autre chose lorsque, de mémoire, il dit que « l’État revendique le monopole de la violence et l’interdit à quiconque ». C’est une forme cachée de dictature.
Étienne de la Boétie s’étonnait déjà que l’on puisse accepter la toute puissance du Tyran : dans la « Servitude volontaire », le texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d’analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport « domination-servitude »). « Les tyrans sont grands parce que nous sommes à genoux » dit-il.
Il poursuit son interrogation en constatant que le tyran est seul et les tyrannisés des millions, et qu’il serait facile de le renverser.
Quels sont donc les éléments qui font qu’il n’y a pas de révolte ou au moins de tentative pour démettre le tyran?
Ce sont les « prêtres », comprenons les intellectuels, les philosophes, les médias et pourquoi pas les éminences religieuses, qui sont les relais du pouvoir abusif et « prêchent » la nécessité de la soumission comme preuve d’intelligence et de coopération pour éviter le pire lequel serait consécutif à la révolte. Sont choyés aussi les forces de police et de maintien de l’ordre ! Or donc, oyez, oyez, braves gens, sachez que ne rien faire est un acte de courage et de solidarité ! ?
Diafoirus, lui, médecin imaginaire sorti tout droit de la créativité de Molière, ne croit qu’à la saignée. C’est le remède miracle qu’il prône pour résoudre tous les problèmes de santé. Et le bon peuple de rire aux facéties de Molière ! A sa suite, les conseils scientifiques et politiques, autres Diafoirus, qui sont en pleine ignorance ou pataugent quant à la genèse du Covid, de son évolution et qui constatent son efficacité à nous faire du mal et sa progression, ne jurent que par l’attente du vaccin miracle qui va, enfin, sauver l’humanité du terrible monstre. A chaque période sa saignée. En tout cas, cette saignée est réelle et nous rend affaiblis.
Heureusement un bon nombre entre en résilience et cherche par tous les moyens à résister à l’hystérie collective suscitée par le pouvoir politique et scientifique.
Les plus remarquables de toutes les dispositions prises par ces pouvoirs sont les incohérences, contradictions, mensonges et manipulations de chiffres qui les accompagnent. Je sais qu’ils font ce qu’ils peuvent, qu’on leur reprocheraient de n’avoir rien fait, et que « si vous étiez à leur place »…
Là est le problème : quatre ou cinq personnes décident pour 68 millions.
« Le pouvoir, dit Aldo Capitini, est le fait de tous. Il potere e di tutti ». Infantilisés, nous trouvons normal de déléguer ce pouvoir au Chef ! Monstrueuse erreur qui est le fait de toute dictature qu’elle soit politique, économique ou sociale.
« Je vais vous donner un talisman quand vous serez dans le doute ou quand votre moi s’imposera trop : Rappelez-vous la face du plus pauvre et le plus faible que vous ayez rencontré et demandez-vous si l’acte que vous envisagez lui sera utile. Va-t-il y gagner quelque chose ? Cela va-t-il lui rendre le contrôle sur sa propre vie et sa destinée ? Autrement dit cela va-t-il conduire au « Swaraj » les multitudes qui ont faim dans leur corps et dans leur esprit ? Alors vous verrez vos doutes et votre moi se dissiper ! » dixit Gandhi dans ce célèbre Talisman.
L’acte utile tant attendu, qui l’empêche de se faire jour ? Pourquoi ne peut-il se concrétiser ? Parce que laisser le pouvoir à l’échelle minime du village, du quartier, de la rue est incompatible avec l’Ultralibéralisme, les milliardaires qui le dirigent, relayés par les Banques d’affaires et les multinationales qui continuent, par et avec nos comportements stéréotypés, de saigner les gens. Mais nous acquiesçons. La servitude volontaire est donc notre lot quotidien, par conservatisme et esprit sécuritaire.
La seule révolution non-violente consistera à redéployer autour de nous la volonté d’indépendance (au sens du « swaraj », autonomie et solidarité, sobriété et mise en commun), de décision locale du fait économique, social, sanitaire et spirituel.
Tout ce qui est organisé en haut, pour tous, de manière unilatérale et autoritaire est voué à l’échec et à la destruction du tissu local, lequel est gravement en péril parce qu’inexploité, déraciné depuis trop longtemps.
Reprendre possession de notre vie est l’affaire de chacun, chez lui, avec sagesse, gravité, constance et acceptation de la condition humaine, de la mort et de l’unicité de notre être. La prière et la méditation en sont les moteurs et générateurs…
Le Covid, qu’il soit le fait de manipulation de virus par l’Institut Pasteur, qu’il vienne de nos approches trop vives du monde animal sauvage, ou d’ailleurs… est un signe manifeste d’un dérèglement de plus, soit de nos cerveaux, soit du besoin de progrès, ou de l’exploitation de la Terre-Mère.
Le confinement est finalement l’occasion d’un retour sur soi. Mettons-le à profit pour nous libérer…sans pour autant subir cette tyrannie qui nie la vie, la dimension sociale de l’être et tout ce qui nous lie physiquement et émotionnellement aux autres. Une sorte de désobéissance permanente… salutaire.
Bonne chance ! Vive la Vie.
Louis Campana, 9 novembre 2020
Transmis par Marielsa.